The Substance de Coralie Fargeat (2024)


Coralie Fargeat est une réalisatrice et scénariste française née à Paris en 1976.
En 2017, elle réalise « Revenge », son premier long métrage, un film d’action et d’horreur où elle dénonce sans complaisance les violences faites aux femmes.
Elle est membre du collectif 50/50 dont l’objet est de promouvoir l’égalité entre les hommes et les femmes ainsi que la diversité dans le cinéma et l’audiovisuel.


En 2024, elle présente « The substance » à Cannes dans la Compétition Officielle. Le film obtiendra le prix du Scénario.


Le film parle de la date de péremption des femmes quand elles ne sont plus assez jeunes et assez jolies selon les diktats masculins.

  • « A 50 ans, c’est fini ! »
  • « Qu’est-ce qui est fini ? » demande Elisabeth Sparkle (Demi Moore), ancienne star du cinéma et vedette d’une émission d’aérobic, à son patron misogyne et grotesque incarné par un Dennis Quaid insupportable. Il ne répondra pas.


Mise sur la touche, elle reçoit une offre irrécusable pour « The substance ». Ce programme promet de générer une nouvelle version de soi-même, plus jeune et plus parfaite. Mais attention, il faut suivre la règle à la lettre. Les deux versions d’Elisabeth, la première qui sera la matrice et la seconde, ne sont qu’une seule et même personne. Elles devront alterner une semaine sur deux en respectant bien les instructions.


Pas facile ! Les semaines de la version « Elisabeth » paraissent très longues alors que celles de la version « Sue » passent très vite. Sue (Margaret Qualley) a repris l’émission d’aérobic et elle est adulée pour sa jeunesse et sa beauté. Sa popularité monte en flèche.


La tentation est trop forte, Sue va empiéter sur la semaine d’Elisabeth. La règle ne sera plus respectée et tout va basculer dans l’horreur.


Jusqu’où les femmes sont-elles prêtes à aller pour rester jeunes et jolies dans un monde patriarcal où l’on dit encore que les hommes vieillissent bien, que les tempes grises sont un must et que les rides leur donnent du charme…


Telle est la question que se pose Elisabeth en se regardant dans le miroir… Celui-ci lui donnera la même réponse qu’à la reine dans Blanche-neige : la plus jeune est la plus jolie.


Les deux versions d’Elisabeth sont incarnées par Demi Moore, la soixantaine resplendissante et Margaret Quallet, aussi cinégénique et talentueuse que sa mère, l’actrice Andie MacDowell. Paradoxalement, dans la vie, cette dernière prône l’acceptation de son âge en arborant une superbe chevelure grise et des rides qui lui vont à ravir.


Coralie Fergeat filme souvent en gros plans avec le son augmenté, un peu à la manière du générique de la série « Dexter » dans laquelle un serial killer découpe ses victimes en morceaux avant de les jeter dans la mer.


Du sang, il en coule à profusion. La chair, on la taille, on la coupe, on la recoud,…, on injecte, on aspire,… Bref, âmes sensibles s’abstenir. L’appellation « body horror » n’aura jamais été aussi bien attribuée qu’à ce film.


Mais ces moments qui montent crescendo alternent avec des éléments plus drôles. Les hommes sont grotesques, leurs défauts sont exagérés, ils sont misogynes à l’excès. Vieux et/ou laids, ils se permettent de juger le physique des femmes.


Le film est rythmé et tient les spectateurices en haleine du début à la fin.


Il est vrai que le dernier quart du film bascule dans l’horreur absolue. Elisabeth devient une « éléphant woman » puissance mille. La scène du nouvel an fait passer le sang qui se déverse sur « Carrie » dans la salle de bal (Brian de palma, 1976) pour une petite ondée matinale.


Les réalisatrices basculeraient-elles dans les films d’horreur ? Peut-on faire l’analogie avec les atrocités que vivent encore beaucoup de femmes partout dans le monde ? Je ne me lancerai pas dans une psychologie de comptoir mais...


En 2021, la Palme d’or décernée à Julia Ducournau pour son film « Titane » avait fait polémique. A-t-elle ouvert la voie à ce nouveau genre de cinéma au féminin ? Personnellement, j’adore.


V.M.