Quitter la nuit de Delphine Girard (2023)

Quitter la nuit est le premier long métrage de Delphine Girard, réalisatrice bego-canadienne, diplômée de l'INSAS à Bruxelles.

Son troisième court métrage, Une Sœur, était en lice pour l'Oscar du meilleur court-métrage en 2020. Il constitue les 15 premières minutes de Quitter la nuit. Elle a en effet réussi à réunir le même casting de base (dont l'excellente Veerle Baetens).

Coincée dans l'habitacle d'une voiture qui roule à vive allure au milieu de la nuit sur une route déserte, Aly (Selma Alaoui) feint d'appeler sa sœur, mais elle est en réalité en train d'appeler la police. C'est Anna (Veerle Baetens) qui décroche. Elle comprend très vite la situation et pose des questions de manière à pouvoir localiser le véhicule et l'intercepter. Comment Aly, Anna et Dary (l'homme au volant de la voiture) vont-ils arriver à quitter la nuit ?

Cette nuit-là va bouleverser leur vie : Aly dépose une plainte pour viol et un long processus judiciaire s'enclenche.

Delphine Girard réalise un portrait croisé d’Aly, la victime en état de choc, de Dary, l’agresseur qui nie le viol, et d’Anna, la standardiste des urgences qui mène une enquête personnelle pour retrouver Aly, dont elle ne connaît que la voix terrifiée.

C’est un très beau message de sororité que Delphine Girard livre dans ce thriller passionnant, émouvant et parfaitement maîtrisé, dont la dimension douloureuse est transcendée par une infinie empathie. Qui mieux qu’une femme réalisatrice pour qui les amitiés féminines sont essentielles pouvait développer cette belle thématique actuelle ?

Aly est inspirante parce qu’elle est résiliente : elle trouve un subterfuge pour appeler la police et elle a le courage de porter plainte et d’aller jusqu’au bout de sa démarche. Anna perçoit immédiatement qu’elle est en danger et la sort des pattes de son agresseur. Le rôle de sœur qu’Aly lui a attribué dans l’espoir d’être secourue va lui coller à la peau jusqu’au-delà du procès.

Au cinéma, les femmes sont souvent représentées comme des rivales. Ici, elles sont solidaires. Delphine Girard montre que la sororité est plus efficace que la justice pour aider Anna à panser ses plaies.

A.C.