Fremont de Balal Jalali (2023)
Ce film n’est pas réalisé par une femme, nous ne nous attarderons donc pas longtemps sur son réalisateur d’origine iranienne Babak Jalali.
Son mérite est qu’il a réalisé un très beau portrait de femme doux et décalé. Sa caméra va suivre la vie sans éclat de Donya, une jeune réfugiée afghane.
L’héroïne vit à Fremont, une petite ville de Californie. Elle essaie de s’adapter à sa nouvelle existence. On comprend qu’elle a vécu des situations difficiles puisqu’elle consulte un psychiatre pour soigner ses insomnies. On n’en saura pas beaucoup plus sur sa vie d’avant.
Traductrice pour l’armée américaine en Afghanistan, elle travaille à présent dans une usine de « fortune cookies », les petits biscuits chinois qui cachent une prophétie ou une maxime.
Donya traîne une tristesse et une mélancolie, mais elle voit sa vie s’égayer un peu quand elle est chargée de la rédaction de ces petits mots. En quête d’amour, elle irradie dans le film même si on aurait envie, parfois, de la bousculer un peu.
Il faut l’accompagner dans sa routine de vie. On est loin des clichés sur les traumas vécus par les femmes en temps de guerre sans pour autant les cacher, ils restent latents. L’histoire se passe un temps plus loin, quand il faut se reconstruire et réapprendre à vivre.
Un film en noir et blanc, tout en pudeur et qui mérite qu’on s’y attarde.
Il parle d’exil et de solitude pour des êtres déracinés. Jamais de cris, de larmes, tout est lent et modéré. Les dialogues sont rares et les scènes, assez courtes, ne nous font jamais tomber dans le pathos ni le désespoir.
L'héroïne n'est jamais présentée comme une victime, elle prend son destin en main malgré son jeune âge.
V.M.
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