Irma la douce de Billy Wilder (1963)


Revoir ce film par hasard en 2024 à la télé et ne pas pouvoir se laisser aller dans ce qui était annoncé comme une comédie. 

 

"Irma la douce" succède à "La garçonnière", du même réalisateur Billy Wilder (également producteur et scénariste) et servi par le même duo d’acteurs/trices. Le ton était donné. Wilder est une figure importante du cinéma américain des années 50 et 60. Il s’essaya aux films noirs et aux comédies.

 

Celui-ci, très long pour l’époque (2h27), se déroule dans un Paris « nostalgique » vu par les américains et plus particulièrement dans une rue du quartier des Halles. Les stéréotypes n’ont rien à envier à la série « Emily in Paris », la prostitution normalisée en plus.

 

Le héros (Jack Lemon) tombe amoureux d’une prostituée (Shirley Maclaine). Pour gagner le cœur de sa belle, il alternera entre le rôle de mac et celui du lord. S’en suivront une série de quiproquos avec des portes qui claquent et des retournements de situation. On pourrait sourire si le tout ne se déroulait dans un monde régit par le sexe et l’argent, où les macs sont « sympas » même quand ils frappent leurs « filles » lorsqu’elles ne rapportent pas assez d’argent.

Le ton du film est jovial et « bon enfant » mais le contexte l’est-il ? Les prostituées sont contentes de leur sort et enchainent les clients avec plaisir (elles pousseraient bien la chansonnette en se rhabillant). Les macs sont potes, se bagarrent entre eux, boivent des coups et envoient les filles au turbin.

 

Pour ce rôle, Shirley Maclaine obtiendra le prix de la Meilleure actrice dans un film musical, aux Golden Globes.

Autres temps, autres mœurs, du moins espérons-le. A l’époque, on banalisait encore la prostitution. Sur un ton badin, le film met ce que d’aucun.e.s osent appeler « le plus vieux métier du monde » en toile de fond d’une comédie musicale romantique.

N’oublions jamais que la prostitution reste de l’esclavage honteux pour notre société. Les êtres qui la subissent ont rarement le choix et ne vivent pas leur situation avec plaisir. Le Paris de Maurice Chevalier qui chante « Prosper youpla boum » n’est pas vraiment approprié.

 

V.M.