Parthenope de Paolo Sorrentino (2024)
Parthenope est le dixième film du réalisateur napolitain Paolo Sorrentino. Il rend hommage à sa région dans cette fresque de carte postale. Les images sont belles, mais les contours du portrait féminin sonnent creux.
Parthenope se veut être une odyssée à la Pauvres créatures (sorti en janvier 2024, avec Emma Stone) où la spectatrice et le spectateur suivent une femme, de sa naissance dans les eaux (normal quand le prénom est inspiré par une sirène), à sa fin de carrière.
Partout où elle passe, la jeune femme est approchée pour sa grande beauté. Convoitée par des hommes qui bavent la bouche ouverte et bombent le torse pour lui montrer qui est Tarzan, approchées par des responsables de casting pour qu’elle tourne au cinéma, … mais aussi bien évidemment méfiée car la beauté est un cadeau empoisonné quand elle croise la route de personnes frustrées. A l’université, là où elle s’inscrit pour suivre des études d’anthropologie, Parthenope est méprisée par le responsable de la chaire de la discipline choisie. Elle n’aura de cesse de montrer qu’elle réfléchit avec sa tête et non avec ses yeux de biche, sa poitrine ou son vagin.
Certes, la comédienne Celeste Dalla Porta (dont c’est le premier long-métrage) semble être carrément sortie des eaux de la baie de Naples pour dépasser d’un coup toutes ses concurrentes au premier rôle, mais quand on cherche le sens de tout cela en sortant de la salle, c’est que ce n’est pas un grand film.
Le film manque d’une structure forte, de serrages de vis entre toutes les vignettes de vie que l’héroïne traverse. Il est difficile d’éprouver empathie ou attachement envers elle tant la caméra hésite toujours entre un male gaze (regard masculin) et un female gaze (regard féminin). Normal, Parthenope est vue comme une égérie, une icône et qu’est-ce qu’une icône sinon avant tout une image figée ?
Sans engagement de la part de Pablo Sorrentino, le film ressemble à une publicité géante pour un parfum comme Azzaro qui utilise souvent les décors du Sud de l’Italie pour faire rêver. Mais Parthenope ne fait pas rêver en tant que femme tant elle manque d’envergure.
Néanmoins, son parcours de vie est honorable et elle s’amuse de joutes verbales avec les hommes du film qui la testent et la respectent en même temps. L’héroïne s’en sort la tête haute, et elle reste fidèle à sa ligne de conduite (tout en s’autorisant des jeux de séduction en tant que sujet pensant et agissant, et non passif). Nous pouvons nous réjouir de la voir terminer son doctorat pour devenir Professeure Titulaire de la Chaire d'Anthropologie de l'Université de Naples. Dans ce sud de l'Italie conservateur, sans doute aurait-elle pu finir cent fois mariée à un homme dont elle aurait été dépendante...
C’est donc un Encore et encore.
L.L.
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