Soy Nevenka de Iciar Bollain (2024)


Iciar Bollain est née en 1967 à Madrid d’un père ingénieur aéronautique et d’une mère professeure de musique. Sa sœur jumelle et elle sont très vite passionnées d’art. L’une va devenir chanteuse d’opéra et l’autre va se tourner vers le cinéma. Iciar va entamer une carrière d’actrice à 15 ans avant de s’inscrire à l’Ecole des Beaux-Arts de Madrid. Elle aime peindre des portraits mais c’est le cinéma qui reste sa passion. Ses premières réalisations datent de 1995. Elle a été nommée Meilleure Actrice espagnole en 1992. Elle a aussi reçu le prix « Ciudad de Cuenca » lors de la deuxième édition du festival des femmes réalisatrices en Espagne. Dans le film « Ne dis rien » (2004), elle mettait déjà en scène une femme cherchant à échapper à l’emprise d’un homme violent. En 2006, elle est co-fondatrice du CIMA (association de femmes cinéastes et des médias audiovisuels). « Soy Nevenka » est son onzième long métrage.


A la fin des années 90, Nevenka Fernandez (Mireia Oriol) a tout juste 25 ans lorsqu’elle est élue conseillère municipale. Le maire de Ponferrada, Ismael Alvarez (Urko Olazabal) charismatique et populaire, va vouloir la séduire. Elle va d’abord céder à ses avances avant de dire stop. Vont commencer pour elle des mois de harcèlement sexuels et psychologiques. Elle va tomber au fond du trou avant de décider de dénoncer les agissements de l’individu et lui intenter un procès. Inspiré de faits réels. « L’affaire Nevenka » est considérée comme le premier cas médiatique du mouvement Me Too en Espagne.


Iciar Bollain s’est fortement documentée pour réaliser ce film. Elle va décider d’en faire une fiction plutôt qu’un documentaire. Elle revisite, 20 ans plus tard, une des affaires pénales les plus médiatisées en Espagne sans pour autant dépasser les frontières. Le procès a débouché sur la première condamnation d’un homme politique pour harcèlement sexuel en Espagne.


A cette époque, les féminicides étaient encore qualifiés de crimes passionnels et les violences sexuelles et sexistes étaient tues. Deux décennies plus tard, le film permet d’explorer la thématique en passant de l’intime à une analyse plus globale des violences faites aux femmes.


Encore et encore pour les femmes qui prennent leur destin en main et refusent de le subir.


V.M.