Oxana de Charlène Favier (2024)
Charlène Favier est une scénariste, productrice et réalisatrice française née en 1985. En 2020, Slalom, son premier long métrage, est sélectionné en compétition officielle au Festival de Cannes. Elle y aborde le harcèlement moral et les agressions sexuelles dans le sport. Le film remportera de nombreux prix et sera nommé 2 fois aux Césars 2022, dans la catégorie « Meilleur premier film » et « Meilleur espoir féminin » pour Noée Abita.
En 2022, Charlène Favier réalise La fille qu’on appelle, un télé-film pour Arte qui parle aussi de consentement et d’abus de pouvoir. Oxana est son deuxième long métrage pour le cinéma.
Oksana Chatchko (Albina Korzh) est une artiste peintre ukrainienne réfugiée en France et cofondatrice du mouvement FEMEN avec Anna Hutsol et Sacha Chevchenko.
Ce mouvement est peu connu chez nous et il se résume souvent à la vision simpliste de femmes hystériques qui hurlent les seins nus. Le film va nous permettre de découvrit l’engagement de ces féministes courageuses.
Le film débute à Paris en 2018, le jour du vernissage de l’exposition sur les icônes blasphématoires de l’artiste. Oxana est arrivée dans la capitale 5 ans plus tôt, comme réfugiée politique.
Elle va se remémorer sa jeunesse en Ukraine entre un père alcoolique et une mère bigote. Les femmes n’y ont que deux perspectives d’avenir : se marier ou se prostituer. Elle compare l’Ukraine à la Thaïlande : « Le pays est un grand bordel où on se prostitue de plus en plus jeune ».
La plupart des hommes n’ont plus de travail, ils boivent et battent leur femme. Celles-ci acceptent tout, travaillent pour 2 et prient pour leur salut.
Pour Oxana, la liberté ne passera pas par la prière mais par la création : « L’art, c’est la révolution ! ».
Elle peindra d’abord des icônes religieuses pour gagner sa vie.
Lors d’une de ses premières actions militantes au nom des FEMEN à Kiev, c’est seins nus et pieds nus, une couronne de fleurs traditionnelle sur la tête qu’elle et ses amies crieront leur soif d’égalité. Elles réitèreront l’expérience un peu partout pour dénoncer les vices d’un système qui provoque la précarité, la corruption et la prostitution.
Les seins nus vont permettre d’attirer l’attention sur leur mouvement : « On ne se déshabille pas, on met nos uniformes. L’objet sexuel devient un objet qui proteste ».
Les représailles ne tarderont pas et elles devront quitter leur pays après avoir été torturées par des agents biélorusses. Elles seront même menacées d’être brûlées vives pour leur actions et prises de paroles.
Une fois en France, Oxana va s’écarter du mouvement qui ne correspond plus à ses convictions mais elle poursuivra sa révolution via ses oeuvres très politiques dans lesquelles elle détourne l’imagerie orthodoxe. « Sans combat, il n’y a pas de vie ! ».
Un portrait de femme courageuse, militante, qui n’a pas froid aux yeux et provoque le système en place. Une vraie femme inspirante.
V.M
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