Berlin, été 42  d'Andreas Dresen (2024)


Andreas Dresen est un réalisateur, scénariste et producteur allemand né en 1963. La plupart de ses longs métrages sont des chroniques sociales relatant la scission des deux Allemagnes. Il a été membre du jury du Festival de Berlin en 2003 et en 2011, il a obtenu le Prix « Un Certain regard » au Festival de Cannes avec « Pour lui », un film grave sur la maladie et la mort.


« Berlin, été 42 » est inspiré d’une histoire vraie. Le film suit le parcours de Hilde Coppi (Liv Lisa Fries), une résistante allemande, figure connue dans son pays.


Hilde et Hans se rencontrent à Berlin en 1942, Ils vont vivre un bel été, amoureux, avant d’être arrêté.e.s., incarcéré.e.s., torturé.e.s et jugé.e.s.


Quand Hans s’engage dans la résistance antinazie, Hilde le suit plutôt par amour que par conviction idéologique. On verra très peu d’actes de résistance. Le réalisateur veut davantage montrer leur engagement et leur dévouement plutôt que leur efficacité.


Hilde est enceinte et elle passera sa grossesse en captivité. Elle accouchera en prison et fera tout pour sauver son bébé qui n’est pas né sous les meilleurs auspices. Hans et elle ne se reverront qu’une fois. Leur enfant ne les connaîtra pas.


Tout le long du film, le réalisateur va nous faire voyager entre la vie en captivité de Hilde et les jours heureux. Les « flash-back » jalonnent le film et apportent un peu de douceur. Dès le début de l’histoire, on connait le sort qui est réservé aux protagonistes. Pas de suspens, juste un long parcours de souffrances physiques et morales avant l’inévitable. L’exécution aurait mérité d’être un peu plus brève. Exit trop de violons dans un film où la musique est inexistante.


La guerre n’est pas une histoire de femmes et pourtant, elles en subissent les conséquences et s’y retrouvent mêlées malgré elles. Il y a celles qui sont violées (le viol est et reste une arme de guerre), celles qui perdront leur vie sous les bombes, celles qui exécuteront le travail des hommes partis au front, celles qui essaieront de survivre avec peu de moyens à leur disposition, celles qui feront des choix pas toujours heureux pour s’en sortir, celles qui n’auront d’autre issue que la prostitution volontaire ou pas,…


Et toutes celles qui seront humiliées et déshonorées à la libération, tondues sur la voie publique par une foule en liesse et bien-pensante se permettant de les juger sans pitié. On pardonne toujours moins aux femmes qu’aux hommes. Leurs actes sont soumis à la vindicte populaire qui ne les épargne pas.


Je dis « Encore et encore » pour ce film qui s’attarde sur la vie d’une résistante. Dans les histoires de guerre, les femmes sont encore une fois oubliées. Ne subsistent que quelques figures emblématiques par rapport à toutes celles qui sont effacées de l’histoire.


V.M.