Marmaille de Grégory Lucilly (2024)
Grégory Lucilly est un réalisateur français originaire de l’Ile de la Réunion. « Marmaille » est son premier long métrage. Le film a été tourné entièrement sur l’Ile et en langue créole. Les premiers rôles, excepté celui du père, sont tenus par des jeunes découvert.e.s sur place. C’est la première fois qu’un film 100% réunionnais va bénéficier d’une sortie en France métropolitaine.
Apparemment, sur l’Ile de la Réunion, il est courant que les mères abandonnent leurs enfants… Il y a sans doute des raisons à cela mais ce n’est pas le propos du film, juste le point de départ.
Thomas (Maxime Calicharane) et Audrey (Brillana Domitile Clain) sont 2 adolescents de 15 et 16 ans que leur mère vient de jeter à la rue. On ne saura pas pourquoi.
Thomas a un comportement assez violent et Audrey est une jeune maman célibataire.
Pour leur éviter de se retrouver en foyer, l’assistante sociale va contacter leur père (Vincent Vermignon) qu’ils n’ont pratiquement jamais connu. Ce dernier n’habite pas très loin, il a reformé une nouvelle famille et se limite à payer une pension alimentaire pour ses deux premiers enfants.
La réunion de ces différents membres d’une famille éclatée ne va pas se faire sans heurts et le réalisateur va se focaliser sur la réconciliation des enfants avec leur père.
Effectivement, les deux jeunes ont d’abord été abandonnés par leur père avant de l’être, beaucoup plus tard, par une mère au bout du rouleau. Combien de femmes ne doivent-elles pas assumer seules des enfants désirés ou pas ? Être une « mère-courage » n’est pas une fatalité.
Il est très aisé de reporter la faute sur les mères en les rendant responsables de tous les maux alors qu’il existe une certaine tolérance vis-à-vis de l’absence des pères.
Certes, le film ne prend pas parti mais le postulat de départ reste quand même l’abandon des enfants par leur mère.
Thomas et Audrey vont se reconstruire tant bien que mal. Le jeune homme veut passer un concours de breakdance et sa soeur va chercher du boulot pour élever son enfant seule. Elle devra d’abord se débarrasser du père de celui-ci qui vivait à ses crochets. Tiens, encore un père démissionnaire. L’histoire semble se répéter.
La musique et la danse sont très présentes dans le film et notamment le « maloya », une musique héritée du temps de l’esclavage.
Un film optimiste qui traite de sujets graves sans pour autant prendre parti et verser dans le pathos et la culpabilité. Un film qui parle de « faire famille autrement », loin du modèle traditionnel « papa, maman et les deux enfants ».
V.M.
La Monoparentalité reste une charge majoritairement féminine https://www.laplanquedujoueur.com/nos-etudes/meres-celibataires-charge-sur-les-epaules-des-femmes/
La proportion des familles monoparentales en France a pratiquement doublé entre 1990 et 2020, passant de 12,4% à 24,7%.
Cette augmentation significative reflète non seulement l’évolution des structures familiales, mais aussi la persistance de déséquilibres profondément ancrés dans notre société :
• Un système juridique qui continue de favoriser la garde maternelle, avec environ 60 000 divorces annuels où les mères obtiennent majoritairement la garde.
• Des contraintes professionnelles poussant souvent les pères à renoncer volontairement à la garde, faute d’organisations adaptées à la monoparentalité.
Cependant, les disparités persistent en raison d’un cercle vicieux : les inégalités professionnelles fragilisent la position des mères dans les procédures de garde, tandis que l’attribution majoritaire de la garde limite leurs opportunités de carrière.
En France, le taux de risque de pauvreté est de 25,7% pour les mères célibataires. La situation impacte directement les enfants, dont 46% vivent dans la précarité – un taux deux fois supérieur à celui des familles monoparentales paternelles (22%) et trois fois plus élevé que les familles biparentales (15%).
Les mères célibataires manquent de ressources. Les inégalités salariales persistent : à poste équivalent, les femmes gagnent 14,9% de moins que les hommes.