Toxic de Saulé Bliuvaité (2024)
Saulé Bliuvaité est née en 1994 en Lituanie. C’est une réalisatrice et une scénariste qui a étudié la réalisation cinématographique à l’Académie lituanienne de musique et de théâtre de Vilnius. Durant ses études, elle a réalisé quatre courts métrages qui ont été présentés dans de nombreux festivals. « Toxic », son premier long métrage, a obtenu le « Léopard d’or » au Festival de Locarno en 2024. Elle est la plus jeune lauréate de ce prix prestigieux.
Dans le film, Saulé Bliuvaité fait un portrait très détaillé des deux héroïnes. Marija (Vesta Matulytė) et Kristina (Leva Rupeikaitė), 13 ans, vivent dans une petite ville minière lituanienne où tout respire la tristesse et la morosité.
La jeunesse est désoeuvrée, blasée. Toustes veulent partir à l’étranger pour connaitre une vie meilleure. Les jeunes filles de l’Est sont très prisées et beaucoup se laissent séduire par les belles promesses des agences qui veulent les recruter. Elles s’imaginent déjà mannequins à New-York ou à Tokyo.
Tout d’abord ennemies, Marija et Kristina vont devenir inséparables et s’épauler l’une l’autre. Elles intègrent une école de mannequinat populaire parmi les filles de l’école. Elles ne reculeront devant aucun sacrifice et pousseront leur corps dans ses derniers retranchements. Pour avoir la maigreur demandée, elles s’affament, se font vomir et vont même jusqu’à avaler un ver solitaire acheté sur le dark web.
Evidemment, les photos ne sont pas gratuites et elles doivent également se procurer de l’argent plus ou moins honnêtement. La prostitution reste une option…
Le scénario du film est basé sur les propres expériences de la réalisatrice lorsqu’elle était adolescente en Lituanie. C’est criant de vérité !
Le film est brut, l’image assez crue et minimaliste. On montre l’essentiel et la caméra, inquisitrice, reste en arrêt sur les plans importants, que ce soient les émotions des visages ou l’environnement hostile de la centrale électrique qui surplombe la ville.
Saulé Bliuvaité dit avoir voulu capter la fragilité des adolescentes de son pays. A l’âge où on se sent mal dans sa peau et où on manque de confiance en soi, ces jeunes filles ne disposent que de leur corps pour espérer s’enfuir. Elles vont le pousser jusqu’au bout en acceptant tous les diktats qui leur sont imposés. L’injonction à la maigreur comme critère de beauté laisseront des séquelles physiques et psychologiques.
On ne voudrait plus jamais ça mais malheureusement, les mannequins décharnés continuent à défiler sur les podiums et à faire la une des magazines.
V.M.
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