Babygirl de Halina Reijn (2025)
Halina Reijn est une actrice, productrice, écrivaine et réalisatrice néerlandaise. Elle est née à Amsterdam en 1975 de parents artistes qui pratiquent l’anthroposophie (courant de pensée prôné par Rudolf Steiner). Elle n’ira pas à l’école, ses parents se chargeant de son éducation, mais elle sera sensibilisée à l’art dès son plus jeune âge.
« Babygirl » est son troisième long métrage. Il a été présenté en compétition à la Mostra de Venise et Nicole Kidman y a reçu la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine.
Fidèle à Paul Verhoeven qu’elle admire, la réalisatrice signe un thriller érotique où le sexe est omni présent. On trouve beaucoup de similitudes avec « Elle » (Verhoeven, 2016) même si Halina Reijn filme avec moins de voyeurisme et de complaisance que son mentor. Le sujet est sensiblement le même : des femmes qui recherchent la domination pour trouver leur plaisir.
Romy Mathis (Nicole Kidman) est une puissante femme d’affaire dont la vie, avec son mari aimant (Antonio Banderas) et ses deux filles adolescentes, semble parfaite. Mais le bonheur parfait n’existe pas et la pauvre quinqua souffre de névroses. Elle aime se faire humilier et malmener pour jouir. Dans les bras du gentil mari, elle se contente de simuler.
Lorsqu’elle va rencontrer Samuel (Harris Dickinson, vu dans « Triangle of Sadness » – Palme d’or à Cannes en 2022), un jeune stagiaire au sourire carnassier et aux envies sadiques, elle va succomber à ses démons et entreprendre une relation sado-masochiste. Le jeune éphèbe est-il à la hauteur ? De pro de la domination et manipulateur, le personnage s’édulcore tout au long du film.
Cependant, pas de fouet ni de latex, c’est l’attirance irrépressible qui est mise en avant, assez sobrement, même si Romy/Nicole va haleter une bonne partie du film en se faisant prendre par derrière. Les gros plans de son visage ravagé par la chirurgie esthétique sont redondants et ne donnent pas vraiment envie.
Nicole Kidman se fait-elle rattraper par la réalité ? Dans le film, elle se trouve vieille et ne l’accepte pas. On la voit subir des injections de botox, sa fille se moque de sa bouche de canard. Dans la vraie vie, l’actrice est continuellement critiquée au sujet de son physique. Est-ce un clin d’œil de sa part ou bien ne pouvant plus faire abstraction de son état, elle ne peut qu’en jouer ?
On est bien loin de « 9 semaines et demie » et de son potentiel érotique quand Kim Basinger et Mickey Rourke (qui ne fréquentait pas encore le même chirurgien que Nicole) faisaient monter la température.
Cette fois, c’est une femme qui parle du désir féminin et de ses fantasmes et il n’y a rien de mieux. On est aux antipodes de « Cinquante nuances de Grey » où une jeune oie blanche se fait initier au SM par un bel étalon puissant, riche et pervers.
Mais est-ce plus moral quand c’est une femme qui prend le contrôle ?
Sans être experte en la matière, le fantasme de domination féminine serait un fantasme typiquement masculin. Faut-il, quand on a une haute position sociétale se conduire comme un homme et en adopter les clichés?
Peut-on dès lors parler d’un film féministe ? Une femme veut aller au bout de ses fantasmes mais toujours en hésitant, en culpabilisant et en craignant de perdre ses acquis. Sans oublier les injonctions de jeunisme propres à la gent féminine qu’elle continue de subir.
Je ne crois pas qu’il s’agisse ici d’un modèle de femme inspirante.
V.M.
Copyright © Tous droits réservés