Bird d'Andrea Anorld (2024)

Andrea Anorld est une réalisatrice et scénariste britannique née en 1961. Elle a, à trois reprises, reçu le Prix du Jury au Festival de Cannes : en 2006 avec Red Road, en 2009 avec Fish Tank et en 2016 avec American Honey. En 2024, elle était parmi les quelques réalisatrices à être sélectionnée à Cannes dans la Compétition Officielle avec Bird.

Andréa Arnold est habituée à décrire le prolétariat et les milieux défavorisés en version « trash », loin d’une vision misérabiliste à la Ken Loach. Elle le fait en toute dignité et cette fois, elle teinte son propos de rock et de fantastique. Bird n’est pas un film social.

Bailey (Nykiya Adams), 12 ans, vit son passage à l’adolescence dans un squat au nord du Quent, avec son père Bug (Barry Keoghan – vu dans Yhe Banshees of Inisherin et Dunkerke) et son demi-frère. Son portrait est à la fois dur et lumineux.

La jeune fille observe beaucoup les oiseaux et rêve de s’envoler loin de son milieu de vie difficile et de son père immature qui va se marier. Elle se cherche et se réfugie dans l’imaginaire pour supporter la violence du monde qui l’entoure.

Elle rencontre Bird (Franz Rogowski – génial une fois de plus), un mystérieux homme errant et amnésique qui cherche ses parents. Elle va voir en lui l’ange gardien qui pourrait l’accompagner. En « oiseau déplumé » prêt à s’envoler, l’acteur est surprenant et intrigant à la fois.

La bande-son, composée de musique hip-hop et de morceaux pop et rock, rythme le film. Les décors ne sont jamais glauques. Le squat bardé de tags est plus cool que misérable.

Bailey ne lâche jamais rien. Elle affronte tout et c’est la fantaisie qui rend supportable son environnement et les penchants sordides de son entourage. On va la suivre dans ses visions mentales ou rêvées. On vibre d’empathie pour elle et son esprit frondeur.

Elle est l’héroïne du film. C’est sa propre vision du monde qui est mise en exergue.

La réalisatrice laisse les spectateur-ices se faire leur propre interprétation de l’histoire. Elle estime que ce serait triste de tout expliquer.

V.M.