Niki  de Céline Salette (2024)


Céline Salette est une actrice, réalisatrice et scénariste française de 44 ans. Elle a joué dans de nombreux films dont le plus récent est Les algues vertes de Pierre Jolivet (2022). Elle a même tenu un petit rôle dans Marie Antoinette de Sofia Coppola.


Détentrice d’une licence en études théâtrales, elle étudiera au Conservatoire national supérieur d’art dramatique de Paris de 2003 à 2006. Avant de passer au cinéma, elle sera dirigée par Ariane Mnouchkine et interprétera plusieurs rôles dans des pièces de Shakespeare.

Avec Niki, elle signe son premier long métrage en tant que réalisatrice. Le film a été présenté au festival de Cannes en 2024, dans la section « Un certain regard ».


L’histoire débute en 1952 lorsque Niki débarque en France avec son mari et sa fille. A l’époque, elle travaille comme mannequin et cherche des petits rôles au cinéma. Elle a quitté son Amérique natale et sa famille toxique. Des « fash-backs » nous replongent fréquemment dans son enfance, source de son mal-être.


A cette époque, on ne parle pas. Au mieux, on oublie les outrages même s’ils empêchent de vivre. Niki mettra près de 50 ans pour oser dévoiler clairement les abus sexuels infligés par son père. Ils sont pourtant toujours présents dans ses œuvres et seront même à l’origine de celles-ci.


On suit l'évolution personnelle, intime, complexe et douloureuse de Niki. Son internement en asile psychiatrique, les électrochocs que les médecins lui assènent et le désœuvrement qu’elle y vit au quotidien.

On ne la croit pas même lorsque les souvenirs lui reviennent. "C’est faux ! un bon père de famille ne fait pas cela !" Le psychiatre brûlera devant elle la lettre d’aveu de son géniteur.


Céline Salette s’attarde sur une période de 10 ans de la vie de l’artiste. Charlotte Lebon incarne avec conviction et empathie une Niki excentrique et haute en couleur. Ce n’est pas un film sur ses œuvres mais plutôt sur la genèse de celles-ci. On ne verra jamais un seul tableau, une seule sculpture à l’écran.

Les costumes, les couleurs, les décors nous plongent dans les années soixante avec élégance. Céline Salette utilise à plusieurs reprises les « doubles plans », afin de suivre simultanément le parcours de deux personnages avant qu’ils se rejoignent.


Le film s’achève sur une Niki qui abandonne le nom de son premier mari pour s’affirmer en tant que Niki de St Phalle. Elle est bien décidée à surmonter le trauma de l’inceste et peut, sans conteste, revendiquer le statut d’icône de la résilience par la création artistique.


Ciné Women a fait projeter Niki dans le cadre des Journées du Matrimoine de Mons.


V.M.