Partir un jour d'Amélie Bonin (2025)


Après être passée par la case télévision, Amélie Bonnin a eu l’immense surprise de présenter, le 13 mai dernier, son premier long métrage “Partir un jour” en ouverture du festival de Cannes. Un privilège accordé jusqu’alors à trois réalisatrices seulement : Diane Kurys pour “Un homme amoureux” en 1987, Emmanuelle Bercot pour “La tête haute” en 2015 et Maiween pour “Jeanne du Barry” en 2023.


Une volonté du festival de mettre en avant un beau portrait féminin puisque le film de ce soir nous fait rencontrer Cécile s’apprêtant à réaliser son rêve, celui d'ouvrir son propre restaurant gastronomique.
Néanmoins, le récent infarctus de son père l'oblige à rentrer précipitamment dans le village de son enfance. Loin de l'agitation parisienne, elle recroise alors son amour de jeunesse, faisant ainsi resurgir ses souvenirs enfouis, là où tout a commencé.


Un récit solaire et mélancolique directement inspiré du court-métrage éponyme de la réalisatrice qui lui a valu de remporter le « César du meilleur court-métrage » en 2023. Un court métrage avec, déjà, Juliette Armanet et Bastien Bouillon dans les rôles principaux. Un passage au long-métrage pour lequel la réalisatrice accorde davantage d’importance au personnage féminin.


Dans ce sens, la réalisatrice concède “Lorsque que j'écris le scénario du court, je ne me suis pas posée de questions : mon héros, spontanément, était un garçon. C'est seulement lorsqu'on me l'a fait remarquer que cela m'a sciée. Je suis une femme et je donne le rôle moteur à un homme alors que l'histoire que l'on raconte ne le nécessite absolument pas : cela montre bien comment le patriarcat a infusé notre esprit ! Du coup, pour le long métrage, j'ai vraiment eu envie d'offrir une partition plus longue à Juliette Armanet” (l'interprète de Cécile).


Partir un jour” se veut également le portrait d'une femme, quadragénaire déterminée, à la croisée de choix importants. Le film pose la question de l'accomplissement de soi et même de la rencontre avec soi. Dans ce sens, Juliette Armanet cite “Quand je pense à Cécile, je pense au discours d'Amélie Bonnin, lorsqu'elle a reçu son César du meilleur court-métrage de fiction. Un discours hyper puissant, dans lequel elle expliquait que l'on peut être une femme, avoir 40 ans, deux enfants, des cheveux blancs et sentir, malgré tout, qu'on est au commencement des choses. Comme si la vie était faite de plusieurs naissances. Cécile est elle aussi à l'orée de quelque chose, elle se retrouve même à un point de bascule crucial dans sa vie”.


Juliette Armanet, qui pour son premier grand rôle au cinéma, illumine totalement cette comédie douce-amère amenant le spectateurice à se poser toute une série de réflexions universelles et ce, au travers d’un parcours féminin. Chose bien trop rare dans un film populaire et feel-good.


Un récit qui parlera au plus grand nombre et leur rappellera une multitude de souvenirs et ce, grâce aux nombreuses chansons populaires parcourant cette jolie histoire. En effet, et c’est là que “Partir un jour” tire sa singularité, le film constitue une comédie musicale quelque peu particulière puisque les personnages reprennent à maintes reprises des standards de la chanson française. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que “Partir un jour” reprend son titre de la célèbre chanson des 2BE3.


Pour conclure, on ne peut que féliciter Amélie Bonnin pour un premier film lumineux et enivrant, un beau récit féminin qui réchauffera le cœur du public. En espérant revoir “encore et encore” pareille proposition cinématographique.


B.C.