Mémoires d'un escargot d'Adam Eliott (2025)
La vie du cinéphile est toujours faite de perles inattendues, c'est comme cela que je pourrais résumer ma vision récente de "Mémoires d'un escargot", un film d'animation en stop motion réalisé par l'australien Adam Elliot, metteur en scène entre autres de "Mary et Max" sorti en 2009, un récit qui m'avait laissé perplexe à l'époque.
« Mémoires d’un escargot » nous emmène en voyage dans la vie de Grace Pudel. Il s’agit du récit initiatique d'une jeune femme introvertie, de son enfance à ses années de jeune adulte.
La vie de Grace n'est absolument pas des plus heureuses, harcelée à l'école et rapidement orpheline, elle est obligée de quitter sa maison et son frère jumeau. Elle est alors adoptée par une famille d'accueil démissionnaire. Une existence à la Dickens dont la seule échappatoire pour Grace est de se réfugier dans sa passion pour les escargots et dans le monde imaginaire des livres.
Monde du livre qui la fera rencontrer Pinky, une vieille octogénaire totalement géniale, un esprit libre dans un monde fou. Une rencontre qui va permettre à Grace de sortir de sa coquille et de reprendre le contrôle de son existence.
Récit cruel et triste abordant une multitude des sujets complexes (l'abandon, l'homosexualité, le fanatisme religieux, le fétichisme, la dépression, le deuil, ...), Adam Elliot évite avec brio de tomber dans le misérabilisme et les pathos grâce à un humour noir salvateur qui intervient souvent dans les moments les plus tristes.
Le tout se concluant sur un optimisme essentiel où Adam Elliot nous rappelle que "la pire des carapaces sont celles que l'on se fabrique". Un message inspirant, invitant les introverti.e.s, les rêveureuses à sortir de leur monde et à vivre leurs rêves. Le réalisateur nous offre un magnifique exemple de ce qu'est une belle fin, une fin positive où, malgré les aléas de la vie, les personnages (et les spectateurices) en sortent grandi.e.s. Un film d'animation à fortement déconseiller aux enfants cependant (de par les thématiques abordées).
Fidèle à son style habituel, Adam Elliot a réalisé son film en pâte à modeler, une animation sombre truffée de trouvailles visuelles conférant au récit un aspect poétique, en somme une poésie du bizarre, de tout ce qui est en marge de la société.
"Mémoires d'un escargot" est un chef d'oeuvre qui m'a ému aux larmes. C’est le récit inspirant d'une jeune femme qui va trouver le courage d'affronter les aléas de la vie, d'affirmer ses choix et de dire non aux rencontres toxiques qui jalonnent malheureusement l’existence.
Bref, l'un de mes plus gros coups de cœur de ces dernières années qui m'a donné envie de redonner une chance à "Mary et Max" !
B. C.
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