Animalia de Sofia Alaoui (2023)


Animalia est un drame franco-marocain, écrit et réalisé par Sofia Alaoui dont c'est le premier long métrage. Cette dernière a remporté le Grand Prix du court-métrage pour Qu’importe si les bêtes meurent (également récompensé du César du Meilleur court). Elle a grandi entre le Maroc et la Chine ; cette confrontation à différentes cultures lui a permis d'acquérir un esprit ouvert et d'être curieuse.


Dans Animalia, Itto, une jeune femme marocaine de condition modeste, mariée à un jeune homme issu d’une famille riche, se retrouve seule et enceinte dans la maison familiale luxueuse. Alors qu’elle se réjouissait d’une journée de tranquillité sans sa belle-famille, des événements surnaturels plongent le pays dans l’état d’urgence. Des phénomènes de plus en plus inquiétants suggèrent qu’une présence mystérieuse approche. Seule, elle peine à trouver de l'aide.


L’histoire utilise le mari d’Itto, Amine, fuyard incapable de tenir une conversation sérieuse et profonde, qui n’a que l’argent et le profit à la bouche, comme la personnification même de la société capitaliste ouvertement critiquée dans ce long-métrage percutant. Il en oublie l’essence de son existence, se concentrant exclusivement sur le matériel et le superficiel, s’éloignant irrémédiablement de sa femme. Amine incarne également un machisme constamment suggéré. Jamais la protagoniste ne sera victime de misogynie, et pourtant celle-ci est palpable tout au long du film.


A contrario, Itto, interprétée par la jeune actrice de 24 ans Oumaima Barid, incarne la remise en question des choses établies, de nos modes de vie et de nos croyances. Elle initie le changement. Sa grossesse est perçue comme legs pour un nouveau monde. Une femme comme figure de la conscience, la réflexion, les valeurs humaines et le moteur du changement pour ouvrir la voie à un monde meilleur. Bref, Oumaima Barid, alias Itto, joue un beau rôle de femme et crève l’écran dans ce long-métrage où se régale des images.


C.P.