Aïcha de Mehdi M. Barsaoui (2024)
Mehdi M. Barsaoui est un scénariste et réalisateur tunisien né en 1984. Son premier long métrage « Un fils » a été sélectionné à la Mostra de Venise en 2019. L’acteur principal, Sami Bouajila, y remporta le prix du meilleur acteur dans la section Orizzonti.
Aya (Fatma Sfar) est une jeune tunisienne qui subit sa vie. A 14 ans, elle a arrêté ses études et travaille comme bonne à tout faire dans un hôtel de luxe à Tozeur. Le soir, elle aide sa mère en cuisine.
Elle entretient une liaison sans issue avec le directeur de l’hôtel, un homme marié qui ne quittera jamais sa femme et lui fait de vaines promesses.
Sa mère veut la marier à un veuf, son avenir semble tout tracé et pas très enviable. Elle n’a aucune perspective de vie meilleure, coincée entre son rôle de bonne à tout faire et d’amante de l’ombre et celui de mariée sous la contrainte.
Un beau jour, un accident de minibus va tout remettre en question. Elle est déclarée morte et peut tout recommencer à zéro. Avec l’argent dérobé à son amant, elle part pour Tunis et se fait appeler Amina.
Pour la première fois, elle va profiter de la vie mais ce sera de courte durée.
Peut-on échapper à son destin ?
Le film est réalisé par un homme et il est vrai que les personnages féminins ne sont pas des plus sympathiques, hormis la boulangère et amie de l’héroïne.
La mère est intransigeante et ne veut pas que sa fille vive mieux qu’elle. Elle l’empêchera de poursuivre ses études et veut la marier contre son gré.
La jeune femme chez qui elle loue une chambre, d’abord charmante, s’avère être une espèce de maquerelle qui fournit de la chair fraîche au mafieux du coin.
Enfin, la policière gère les affaires pour ne pas faire de vague et masquer les manquements de son commissariat, sans se soucier des dommages collatéraux.
Le réalisateur a plus de complaisance envers les hommes. Il y a bien sûr le méchant de service mais avec les autres, il est beaucoup plus indulgent.
Le père est sous le joug de sa femme, il n’ose pas la contrarier et ne prend aucune décision, chose rare dans les sociétés patriarcales. S’il est vrai que ce sont souvent les femmes qui transmettent les traditions, c’est surtout parce qu’elles ne connaissent rien d’autre et obéissent à leur mari. Celui-ci est lâche mais attendrissant.
Et c’est aussi un homme qui permettra à la jeune femme de s’émanciper. Un policier, avide de justice, suite à la mort impunie de son frère, lui donnera le sésame de sa nouvelle vie.
Aïda/Amina ne lâche jamais rien, malgré l’imbroglio où elle s’est fourrée. Elle fera les bons choix pour vivre une autre vie que celle qui lui était destinée.
La fin du film est porteuse d’espoir pour cette femme résiliente qui refuse de vivre cachée, dans tous les sens du terme.
Un film optimiste pour celles dont le sort semble scellé. Je dis encore et encore !
Mais qui est Aïcha ?
V.M.
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