Langue étrangère de Claire Burger (2024)


Langue étrangère est le troisième long métrage de Claire Burger, réalisatrice et scénariste française née en 1978. Son premier film, Party Girl, co-réalisé avec Marie Amachoukeli et Samuel Theis, a obtenu la Caméra d'or à Cannes en 2014. Son deuxième long métrage, C’est ça l’amour, a été primé au Festival de Venise dans la sélection Venice Days en 2018 et a permis à Bouli Lanners de remporter le Magritte du meilleur acteur en février 2020.


Le film commence à la gare de Leipzig où Fanny, 17 ans, débarque pour un séjour linguistique d’un mois dans la famille de Lena, sa correspondante allemande. Très différente de Fanny, qui est timide et solitaire, Lena est arrogante et franche. Son accueil est glacial. Mais elles vont commencer à s’apprivoiser et se séduire mutuellement. Fanny ne va pas seulement apprendre à parler allemand avec Lena, elle apprendra aussi le langage amoureux et l’engagement politique.


Claire Burger a écrit le scénario de Langue étrangère pendant la crise COVID en se demandant ce que les adolescent.es d’aujourd’hui pouvaient ressentir face à la montée du populisme, au réchauffement climatique, à la guerre en Ukraine, …Née près de la frontière franco-allemande, elle a effectué plusieurs séjours linguistiques dans sa jeunesse et s’est inspirée de son propre vécu, notamment pour la scène du salut nazi auquel sa correspondante a eu droit lorsqu’elle est arrivée dans son collège à Strasbourg.


La période de l’adolescence est celle de la prise de conscience politique et de l’envie de changer le monde mais aussi celle des angoisses, du mal de vivre, de la difficulté de communication avec les parents, des premiers émois amoureux, …En mélangeant subtilement tous ces ingrédients, Claire Burger dresse le portrait croisé de deux adolescentes : l’une suicidaire et mythomane et l’autre révoltée contre la génération précédente qui a négligé la planète et permis la montée de l’extrême droite. Elles sont interprétées avec beaucoup de justesse par Lilith Grasmug et Josefa Heinsius.


Alors que leurs mères sont encore inconsciemment imprégnées de la culture patriarcale, les deux adolescentes semblent en être libérées et prêtes à écrire un nouveau chapitre où les femmes auront la place qu’elles méritent.


A.C.