Mon parfait inconnu de Johanna Pyykkö (2023)


Johanna Pyykkö est une réalisatrice fino-suédoise qui vit à Oslo en Norvège. Son court métrage Manila lover a été sélectionné à la semaine de la critique à Cannes. Elle y décrivait les rapports de domination et de désir entre un norvégien et une philippine, et traitait le sujet avec un regard sensuel mais acéré.


Par ailleurs, Johanna Pyykkö a participé à l’écriture d’une série norvégienne à succès : Heimebane, où l'on suit le combat d’Helena Mikkelsen qui, à la tête d’une équipe professionnelle de football masculine, va essayer de se frayer une place dans un milieu machiste. On y retrouve bien la fibre féministe de la réalisatrice.


Son premier film Mon parfait inconnu entre dans la mouvance des nouveaux films norvégiens tels que The innocents, Julie en 12 chapitres ou encore Sick of myself. Mon parfait inconnu est un thriller psychologique qui parle de mensonge et d’identité.


Ebba (Camilla Godø Krohn) est une jeune fille de condition modeste, assez solitaire et qui rêve d’amour et de vie palpitante. Un soir, sur le port d’Oslo, elle rencontre un beau bulgare amnésique (Radoslav Vladimirov). Elle le soigne et va lui faire croire qu’elle est sa petite amie. C’est un film sur la manipulation où les rebondissements sont multiples. L’ambiance y est souvent malaisante. On alterne entre le rêve et la réalité. La jeune mythomane vit-elle réellement son histoire d’amour tant espérée ? La photo est très belle (surtout les vues du port d’Oslo) et la musique, très épurée, tient le/la spectateur/trice en haleine. Seul bémol : les gros plans incessants sur le visage acnéïque de l’actrice.


Ce film n’est pas vraiment le portrait d’une femme inspirante puisque l’héroïne est mythomane, manipulatrice et affabulatrice, mais c’est un portrait de femme et on la suit dans tous ses méandres. Il s’agit d’une jeune femme qui, pour donner un sens à sa vie et briser sa solitude, n’a d’autre solution que de provoquer les événements. Certes, elle le fera avec détermination, ne reculant devant rien pour aboutit à une fin qui laisse perplexe.


V.M.