Les graines du figuier sauvage de Mohammad Rasoulof (2024)


Mohammad Rasoulof est un réalisateur indépendant iranien né en 1972. Plusieurs fois arrêté à cause du contenu de ses films, il vit à présent, exilé, en Allemagne. A l’annonce de la sortie de Les graines du figuier sauvage, il a été condamné par la République islamique à 8 ans de prison et à des coups de fouet. Ce film a reçu le Prix Spécial du jury à Cannes en 2024.

Il avait déjà réalisé Le diable n’existe pas qui avait reçu l’Ours de Berlin en 2020.


L’action se situe à Téhéran, en 2022, dans la période qui a suivi la mort de la jeune Kurde iranienne Jina Mahsa Amini, détenue par la police de la moralité pour infraction aux codes vestimentaires. Des mouvements de protestation populaire vont éclater partout en Iran pour dénoncer les violences exercées par les autorités contre les femmes. Qui ne se souvient des manifestantes enlevant leur voile et le brûlant en pleine rue ? Elles protestaient ainsi contre le régime d’apartheid sexuel de la République islamique d’Iran dont le voile est un des instruments.


C’est dans ce contexte qu’Iman (Missagh Zareh) vient d’être nommé juge d’instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran. Il découvre les injustices du système mais décide quand même de s’y conformer. Chez lui, sa femme et ses filles vivent les événements autrement. Rezvan (mahsa Rostami) et Sana (Setareh Maleki) adhèrent au mouvement alors que Najmeh (Soheila Golestami), leur mère, tente de les maintenir à distance et soutient son mari.


Leur implication va s’intensifier lorsqu’elles hébergeront une amie blessée lors d’une manifestation. Les filles tiennent de plus en plus tête à leur père qui lui, s’enlise dans les incohérences de sa mission et dans une paranoïa permanente.


Un jour, son arme de service disparait et le « bon père de famille » va devenir bourreau de sa femme et de ses filles pour obtenir leurs aveux.

Dans ce film, outre les ravages d’un régime violent envers la population, on assiste au réveil politique des femmes. Tout d’abord les 2 filles qui soutiennent la Révolution de plus en plus fermement et ensuite leur mère, d’abord soumise à son mari et au système patriarcal et qui va finir par prendre parti contre celui-ci. Ce qui se passe dans le huit clos familial reflète les événements de tout un pays.


Le film rend hommage aux jeunes femmes qui mettent leur vie en danger en se rebellant. La révolte des femmes est reconnue par toute la population iranienne et ne porte pas uniquement contre le port du voile mais contre l’Etat théocratique qui les oppresse.


Les héroïnes du film sont inspirantes car jamais elles ne baissent les bras et elles restent fidèles aux convictions qu’elles défendent même si le chemin est encore long.


Le site Forum Réfugiés nous informait de ceci d'important : Les Iraniennes subissent beaucoup d’injustices dans la société où le patriarcat est très fort. Elles ne peuvent pas divorcer, ou uniquement selon des conditions très strictes, évaluées par un tribunal composé essentiellement d’hommes. En cas de divorce, la garde de l’enfant revient au père ou au grand-père paternel après ses 7 ans. Elles ne peuvent pas voyager à l’étranger sans l’autorisation de leur mari. Les règles d’héritage sont très défavorables aux femmes. Il y a encore des mariages précoces de filles, surtout dans les campagnes. Les viols restent impunis, personne ne voulant témoigner devant un tribunal islamique, comme cela est requis en cas de plainte.
(https://www.forumrefugies.org/s-informer/publications/articles-d-actualites/dans-le-monde/1238-iran-la-revolte-des-femmes-le-soulevement-d-un-peuple)


V.M.