Gülizar de Belkis Bayrak (2024)


Belkis Bayak est une réalisatrice turque née en 1984. Elle a obtenu une maîtrise de cinéma et de télévision à l’Université d’Istanbul. Elle a déjà réalisé plusieurs courts métrages dont « Apartment » qui a été sélectionné au festival du film d’Izmir. Elle a participé à plusieurs longs métrages et compétitions de films. En 2018, elle fonde sa propre société de production « Saba Film » et elle est actuellement programmatrice au Festival International du film de Malatya.


« Gülizar » est son premier long métrage. Le film était en compétition aux Festivals de San Sebastian et Toronto en 2024.
Elevée dans une société patriarcale par une famille matriarcale, Belkis Bayrak a à cœur de partager les histoires de femmes.


Gülizar (Ecem Uzun) est une jeune turque de 22 ans, brave et soumise à ses parents. Elle accepte sans broncher le mariage « arrangé » par ces derniers. Il est vrai que le promis n’est pas un vieillard édenté et cacochyme (une chance) mais un cousin jeune et fringuant. Les futurs mariés se connaissent peu et la jeune femme doit se rendre au Kosovo pour ses noces.


Pour rejoindre son fiancé, elle va voyager seule dans un bus de nuit et lors d’un arrêt, elle se fait agresser brutalement par un homme.
A son arrivée, Gülizar en informe son futur mari mais celui-ci veut régler ses comptes personnellement, se souciant peu du traumatisme subi par sa future épouse. C’est son honneur à lui qui a été souillé.


Pourtant, Gülizar ne souhaite pas en rester là et elle veut retrouver le responsable. Mais on ne parle pas de ces choses-là ou alors, à voix basse. Les ragots sont étouffés et l’angoisse monte crescendo. On la tient à distance comme si ce n’était pas d’elle qu’il s’agit.


Comme beaucoup de femmes agressées, Gülizar ne peut pas parler, elle s’autocensure. La honte n’a toujours pas changé de camp !
C’est la réalisatrice elle-même qui a écrit le scénario et elle raconte l’histoire à travers le regard de la jeune femme. Elle veut capturer ses émotions dans un rythme calme et stoïque. Belkis Bayrak veut créer de l’empathie pour toutes les femmes qui doivent étouffer leur souffrance.


Le film explore la complexité du traumatisme, les attentes de la société patriarcale et l’évolution psychologique de la victime.
Finalement, Gülizar prendra son destin et sa vie en main.


Elle aspirera à sa propre libération et elle se posera enfin la question : « Le bonheur réside-t-il uniquement dans le fait de se marier ? ».


V.M.