On vous croit de Charlotte de Villiers et Arnaud Dufeys (2025)

Un sujet encore tabou que les 2 réalisateurices vont aborder dans un film qui va crescendo.

Charlotte Devilliers est infirmière de formation. Dans le cadre de son métier, elle a rencontré beaucoup de jeunes et de familles, victimes d’incestes et de violences sexuelles. Forte de son expérience, elle collabore avec Arnaud Dufeys pour réaliser un film poignant et percutant et ce, avec peu de moyens. Arnaud Dufeys est un réalisateur et producteur liégeois qui a déjà plusieurs courts métrages à son actif.


Au tout début du film, on découvre Alice (Myriem Akheddiou) aux prises avec son fils de 10 ans qui pique une crise en rue et veut s’enfuir. Elle voudrait qu’il prenne le bus avec elle. Elle est à bout, elle fait ce qu’elle peut et on se demande comment elle en est arrivée là, comment elle supporte un enfant aussi difficile. Elle a également une fille adolescente avec qui les rapports ne sont pas simples non plus. On va vite comprendre.


Alice est divorcée et elle doit, une nouvelle fois, présenter ses enfants devant le juge. Le père (Laurent Capelluto), démissionnaire et infidèle, en demande la garde.


Dans la salle d’attente, le jeune garçon se sauve à nouveau lorsqu’il voit son père. Sa grande sœur refuse également de saluer ce dernier. Les deux enfants ont dit et redit qu’ils ne voulaient plus le voir ni aller chez lui.


Mais le père est dans le déni. Tout allait bien avec ses enfants et il ne comprend pas pourquoi un beau jour, ils ont refusé de le voir. Ils sont sûrement sous l’emprise de leur mère et lui obéissent par conflit de loyauté. Tellement facile ! On sait toustes que les mères veulent élever leurs enfants seules, sans aides et qu’elles affabulent pour se venger d’un père qui n’a rien à se reprocher…


Les choses ne sont pas si simples. Alice est au bout du rouleau. Cela fait deux années qu’elle et ses enfants racontent inlassablement la même chose, la même horreur. Deux ans d’angoisse et de procédures.


Un film dont les scènes se déroulent en temps réels, avec des avocats professionnels. On est malheureusement proches de la réalité. On se retrouve dans un huis clos malaisant dont le décor est un tribunal aux locaux aseptisés et anonymes.


Le père est un violeur. Un violeur qui nie toutes les accusations. Face à lui, une mère qui doit gérer au quotidien un enfant qui va mal, qui souffre de diverses pathologies et notamment d’encoprésie, ce qui l’empêche de vivre normalement.


Ses enfants sont en danger et elle veut les protéger. On atteint l’insoutenable quand l’avocate du père dit que la mère prend sans doute du plaisir à changer les couches de son fils de 10 ans et lorsque l’avocat des enfants préconise qu’ils reprennent contact avec leur père. Face à un système défaillant, la juge devra trancher.


Les enfants souffrent et n’attendent qu’une seule chose, qu’on leur dise « On vous croit ». Actuellement, un parent, accusé de violences sexuelles sur son enfant, conserve bien souvent ses droits de visite et d’hébergement, le temps de la procédure.


On ne peut que crier « Plus jamais ça » sans toutefois avoir grand espoir que les choses évoluent rapidement.


V.M.