Les filles du ciel de Bérengère McNeese (2025)

Actrice, scénariste et cinéaste, Bérengère McNeese est née à Bruxelles en 1989 mais elle a passé la moitié de son enfance dans le Kentucky. Elle se dit donc belgo-américaine. Elle a tourné très jeune dans des films mais elle est surtout connue du grand public pour ses rôles dans des séries à succès comme « HPI ».


Elle a réalisé plusieurs courts métrages dont « Le sommeil des Amazones »en 2015 et « Matriochkas »en 2019. Ce dernier a été bien accueilli par la critique et a reçu de nombreux prix. « Les Filles du ciel »est son premier long métrage.

Le film commence par un vol à l’étalage. Héloïse (Héloïse Volle) se fait prendre mais une fille qu’elle ne connaît pas, Mallorie, va lui venir en aide et lui permettre de prendre la fuite.


Héloïse a quitté le centre d’accueil où elle résidait et où elle entretenait une relation cachée avec un des éducateurs. Elle va se réfugier chez Mallorie.


Celle-ci vit en communauté avec 2 autres filles et son bébé. Elles se protègent les unes les autres et partagent tout. « Une pour toutes et toutes pour une », tel est leur mantra.


Dans cette sororie, Mallorie (Shirel Nataf) est la grande sœur délurée, Jenna (Yowa-Angélys Tsikaya) fait office de cheffe et Mona (Mona Berard), plus dans la réserve, s’occupe du bébé et du quotidien. Toutes cachent des blessures. Elles ont mis en place une série de règles et de principes à respecter pour bien vivre ensemble : ne pas faire entrer les problèmes, ne pas coûter de l’argent mais en ramener et surtout, ne pas mentir.


Tout est dans la débrouille, les deux premières font des massages dans les boîtes de nuit et la troisième travaille comme caissière dans un supermarché. Héloïse arrive dans ce petit monde où elle est très vite intégrée, trouvant un nouveau foyer et une nouvelle famille.

Le film propose une conception moderne de la famille, bien loin du modèle « papa-maman » traditionnel. Aujourd’hui, faire famille autrement consiste à s’épauler, s’entraider sans hiérarchie et dans l’égalité.


Ces filles sont en colère ! La précarité dans laquelle elles vivent et qui est encore trop souvent l’apanage des femmes et des mamans solos, les empêche de « rêver grand ». Elles sont en colère contre les schémas qu’on veut leur imposer et l’objectification de leurs corps dont elles sont obligées de jouer pour survivre.


Le film ne fait pas l’apologie de la vie en communauté, il montre comment s’en sortir autrement, sans occulter les inconvénients qui y sont inhérents. Un film sur la sororité dans lequel les quatre comédiennes, dont c’est le premier rôle, sont criantes de naturel.

Je voudrais dire « plus jamais ça », des filles qui doivent jouer de la débrouille pour subsister. N’oublions pas que ce sont les familles monoparentales (en majorité les mères seules avec enfants) qui vivent sous le seuil de pauvreté en Belgique et ailleurs.

V.M.