En première ligne de Petra Biondina Volpe (2025).

« En première ligne »dont le titre original est Heldin (nom de l’héroïne) est un drame social allemand et suisse réalisé par la scénariste et réalisatrice suisse Petra Biondina Volpe dont c’est le troisième long métrage.
Son premier long métrage « Dreamland »a été nommé pour quatre « Swiss Film Awards » en 2015. Il suivait le parcours d’une jeune femme bulgare contrainte à la prostitution. Son deuxième film, « l’Ordre divin »a été récompensé à trois reprises au « Tribeca Film Festival » de New York, en 2017. Le film racontait la lutte d’un groupe de femmes contre le sexisme. Elles menaient publiquement une bataille pour le suffrage féminin en 1971.
« En première ligne »suit, le temps d’une journée au rythme effréné, Floria (Léonie Benesch), infirmière dévouée et empathique dans un service hospitalier en sous-effectif. Malgré le manque flagrant de moyens, Floria tente de soigner avec humanité chacun.e de ses patient.es, des malades qui ne comprennent pas toujours la dure réalité du travail d’infirmière. Floria se coupe pourtant en quatre, fait le maximum et compose avec les moyens du bord pour apporter soin et réconfort aux malades. Les tensions ne cessent de monter tant elle est sollicitée de toutes parts, l’urgence semble partout. Le rythme s’accélère. La cadence devient infernale. En dépit de sa bonne volonté et de son grand professionnaliste, la situation commence à lui échapper.
La mise en scène en plans séquences nous colle aux talons de Floria, nous faisant vivre avec elle ce stress permanent. Léonie Benesch (« La salle des profs », 2023) est hyper crédible dans le rôle. Surprenante de naturel, de dextérité, de justesse, elle parvient à nous transmettre toutes ses émotions, son désarroi et nous plonge au cœur de cette tension qui monte inexorablement.
Floria a tout d’une femme compétente, forte, déterminée et aux convictions puissantes. Ses gestes sont nets, précis, fluides, rapides, expérimentés, efficaces. En outre, la force des femmes se lit partout en filigrane dans ce récit, à la fois du côté des malades, compréhensives, solidaires et résilientes que du côté des soignantes humbles et héroïques à la fois.
« En première ligne » est un femmage au travail d’infirmières mais aussi un cri alarmant face à la pénurie de soignant.es qui ne fait que s’amplifier avec des conséquences désastreuses tant sur les malades que sur celles et ceux qui les soignent. Sans jamais tomber dans le voyeurisme, le film met en évidence l’état crucial d’urgence face à des enjeux de santé publique.
Il souligne également la force colossale de ces infirmières de premières lignes, livrées à elles-mêmes sur le front des soins hospitaliers avec de nombreux.ses malades à soigner. Ces femmes s’épuisent au combat, prennent sur elles pour combler la déficience d’un système qui se détériore de plus en plus. Avec, de surcroît, l’immense responsabilité d’avoir entre leurs mains des vies humaines à sauver.
Le contexte pousse à classer ce film dans la catégorie « Plus jamais ça ». Malheureusement, les métiers de soins à la personne, exercés en grande partie par des femmes, subissent de plus en plus de restrictions et la situation des soignantes ne risque pas de s’améliorer dans les années à venir.
C.P.
Le film suisse enfonce le clou en rappelant que 36% des infirmiers.ères démissionnent dans les 4 ans qui suivent leur prise de poste et que d’ici 2030, manqueront 13 millions de soignant.es, dont 30 000 en Helvétie.
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