La petite dernière de Hafsia Herzi (2025)

Un vrai film de femmes qui a été présenté en compétition officielle à Cannes en mai 2025. La réalisatrice, bien connue de la Croisette pour y avoir déjà défendu de nombreux films en tant qu’actrice (La source des femmes, L’Appollonide, Mektoub My Love,…) signe ici son troisième long métrage tiré du roman « La petite dernière », également écrit par une femme : Fatima Daas. C’est la jeune actrice, Nadia Melliti, qui a obtenu le « Prix d’interprétation féminine »pour sa prestation dans le film. Un beau trio de femmes talentueuses !
Hafisa Herzi a fait ses débuts au cinéma en 2008 avec « La graine et le mulet »d’Abdellatif Kechiche. Pour ce premier rôle, elle a remporté le « César du meilleur espoir féminin »et le « Prix Marcello Mastroianni »à la 64èmeMostra de Venise.
En 2025, elle a remporté le César de la meilleure actrice pour « Borgo »de Stéphane Demoustier.
Son deuxième film en tant que réalisatrice, « Bonne mère »,a remporté le « Prix d’ensemble »de la section « Un certain regard », à Cannes en 2021.
« La petite dernière »débute par l’image d’une jeune femme filmée de dos, puis de profil sous son voile, comme une ombre chinoise. Le ton est donné, l’héroïne est musulmane. Cette image reviendra à plusieurs reprises dans le film, comme un rappel à la religion.
Au quotidien, Fatima est une jeune fille studieuse et talentueuse qui va passer son bac. C’est la petite dernière d’une sororie de 3 filles. Elles vivent encore toutes chez leurs parents et leur mère est fière de la réussite scolaire de ses enfants. Fatima va intégrer une fac de philo.
Elle est bien dans sa vie. Excepté avec ses sœurs, elle vit au milieu des garçons, une bande de potes lourds et pas très futés au lycée. Un amoureux insignifiant qu’elle évite le plus souvent. Elle aime jouer au foot et porte un uniforme : casquette vissée au-dessus d’une queue de cheval et sweat à capuche. Pas très féminin tout cela, dixit son entourage.
Elle se questionne beaucoup sur son identité sexuelle. Quand son amoureux lui dit qu’il veut l’épouser et avoir des enfants, elle sait que ce n’est pas l’avenir dont elle rêve.
A l’université, elle va rencontrer un autre monde et fréquenter un groupe de lesbiennes. Elle découvre progressivement son désir pour les femmes et va tomber amoureuse d’une jeune infirmière Ji-Na (Park Ji Min).
Aucune scène de sexe explicite ou gratuite pour montrer la découverte de la sexualité et de la passion de la jeune femme. Juste des mots, des regards et des baisers langoureux. Certaines images ressemblent à des tableaux en clair-obscur.
Mais le beau rêve va prendre fin, Ji-Na va la quitter. Elle prend ça pour une punition, elle n’arrive plus à prier et va consulter un Imam. Retour à la religion ? Allah l’a soumise à une épreuve. Fatima est tiraillée entre sa foi, les attentes familiales et son homosexualité.
Le film exploite en parallèle, le spirituel et le charnel, sans revendication politique de la metteuse en scène. Porter à l’écran le portrait d’une jeune femme musulmane et lesbienne est assez innovant.
V.M.
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