Cap Farewell de Vanja d’Alcantara (2025)

Née en 1977 à Bruxelles, Vanja d’Alcantara a étudié l’histoire à l’ULB et la réalisation cinématographique au RITCS (Royal Institute for Theatre, Cinema and Sound). En 2002, elle a suivi un cursus d’une année de spécialisation en écriture de scénarios à la New York University.
Son premier long métrage « Beyond the steppes »(2010) a obtenu le prix du jury au Festival de Marrakech. Pour son deuxième long métrage, « Le Cœur Régulier »(2016), elle a adapté le roman éponyme d’Olivier Adam.
Dans Cap Farewell, on suit Toni (Noée Abita), incarcérée à l’âge de 18 ans suite à sa participation à un casse sur les docks. Elle est libérée après avoir purgé une peine de 6 ans. Pendant son absence, sa fille Anna (Aélis Mottart) et sa maman Betty (Pascale Bussières) ont créé un lien de type mère-fille. Toni va-t-elle pouvoir redevenir la mère de sa fille qui avait à peine 2 ans au moment de son incarcération ? Va-t-elle réussir à s’extraire du milieu criminel dans lequel elle baigne depuis son enfance ?
C’est Max (Matteo Simoni), le père de sa fille, qui l’attend à sa sortie de prison. D’abord assez froide avec lui, elle se laisse peu à peu séduire, d’autant plus que la relation avec Betty et Anna est tendue et que lui, à l’inverse, est prévenant et tendre. En liberté conditionnelle, elle subit la pression de 2 inspecteurs de police pour tendre un piège à son oncle (Olivier Gourmet) et enfin pouvoir mener une vie honnête avec sa fille et sa mère.
Noée Abita campe avec beaucoup de justesse, cette jeune femme qui tente d’échapper à son destin funeste. Les expressions de son visage nous font très bien ressentir les émotions qui la traversent. Pascale Bussières est aussi parfaite en mère et grand-mère inquiète et en perte de repères. Nos compatriotes Aélis Mottart, Matteo Simoni, Olivier Gourmet et Yoan Blanc sont également très justes.
Pour son premier documentaire, La Tercera Vida (2005), qu’elle a réalisé et produit, Vanja d’Alcantara avait suivi une jeune femme de 29 ans, en prison depuis l’âge de 18 ans et sur le point de retrouver sa liberté. Elle avait envisagé de suivre sa réinsertion, mais Purificacion est décédée 2 mois après sa sortie. Ce drame est à la source de l’écriture de Cap Farewell. Vanja d’Alcantara a voulu, selon ses propres termes « réparer une histoire qui n’avait pas pu avoir lieu ». Ce projet a pris près de 20 ans à se concrétiser. Après avoir réalisé des films intimistes et contemplatifs, elle change de registre avec ce polar, peuplé de malfrats, de trafic de drogues et de violentes altercations et où 3 générations de femmes doivent trouver leur place.
C’est précisément les interrelations entre ces 3 générations de femmes qui sont au cœur du récit. Chacune doit se (re)construire dans un contexte particulièrement tendu et anxiogène où la méfiance et l’incertitude règnent. Leur force de caractère et leur intelligence émotionnelle vont les amener à s’opposer au début pour finalement devenir plus forte ensemble. Vanja d’Alcantara excelle à emprunter les codes du genre pour raconter une histoire intime et personnelle. Elle réussit à féminiser un style de narration imbibé de testostérone en y apportant de la nuance et de la profondeur. Chacune des protagonistes est traversée par des conflits intérieurs qu’elle arrive à dominer et à surpasser pour prendre son destin en main. Un beau portrait triangulaire de femmes inspirantes comme on en souhaite encore et encore.
AC
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